Chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi)
Durant le dernier siècle, le Saint-Laurent a subi plusieurs importantes pressions anthropiques et maintenant, plusieurs espèces ont un statut précaire. Parmi celles-ci, le chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi), un poisson de la famille des catostomidés, est en voie de disparition. Afin d’étudier l’habitat essentiel des adultes, la répartition spatiale de ces derniers, leurs mouvements et leurs habitats saisonniers, 20 chevaliers cuivrés adultes ont été munis d’émetteur et suivis à l’aide de la télémétrie dans le Saint-Laurent et ses tributaires, d’avril à décembre 2004. Le repérage télémétrique des chevaliers cuivrés marqués a nécessité l’utilisation de plusieurs modes de suivi : camions, bateaux et avions.
La plupart des chevaliers marqués ont migré vers la rivière Richelieu de la mi-mai à la fin juin, où ils ont utilisés les deux sites de reproduction qu’on lui connaît, c’est-à-dire la frayère de Saint-Ours et celle des rapides du bassin de Chambly. Lors de la reproduction, grâce à la localisation précise que nous étions capable d’obtenir, nous avons été en mesure de filmer, à l’aide d’une caméra sous-marine, des spécimens sur la fraie. Un des spécimens munis d’un émetteur a même été observé sur la frayère de Chambly.
Suite à la période de reproduction, quelques individus sont restés dans la rivière Richelieu, alors que la majorité des autres individus marqués s’est dispersée sur un large territoire dans le Saint-Laurent fluvial. Ces individus ont couvert les secteurs entre le lac Saint-Louis et le lac Saint-Pierre tout en utilisant la rivière des Prairies et des Mille-Îles. Ces observations suggèrent une répartition similaire à celle décrite il y a 50 ans et corroborent l’hypothèse que les individus du Saint-Laurent et du Richelieu appartiennent à une seule et même population.
Les déplacements pré-fraie et post-fraie nous ont démontré la capacité natatoire de cette espèce. En effet, des déplacements de plus de 120 kilomètres ont été observés chez certains spécimens en seulement cinq jours.
Figure 27: Distribution des 20 chevaliers cuivrés munis d’émetteur. Cliquez pour agrandir.
Durant la période estivale, nous avons noté que la majorité des chevaliers cuivrés effectuent de faibles déplacement et utilisent des herbiers peu profonds caractérisés par une densité élevée de végétation aquatique et de mollusques. Une autre découverte importante faite durant cette étude est que le chevalier cuivré semble éviter les habitats adjacents aux rives artificialisées. On le retrouve donc dans les secteurs demeurés à l’état naturel. Le Saint-Laurent et le Richelieu sont très artificialisés par de multiples aménagements urbains composés de roches et de béton qui peuvent causer un problème majeur pour cette espèce.
Cette étude a aidé à définir l’habitat essentiel de l’espèce et a permis d’orienter les efforts de rétablissement de cette espèce (voir le Programme de rétablissement du chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi) au Canada et Plan de rétablissement du chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi) au Québec – 2012-2017)
et d’améliorer la protection légale de l’habitat essentiel à la survie de l’espèce.
(Voir : Atlas des habitats du chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi) du Saint-Laurent et de ses tributaires)
Chevalier cuivré muni d’un émetteur externe.
Équipe du suivi du chevalier cuivré
Cliquez pour voir le vidéo sur la fraie des chevaliers cuivrés (frayère de Chambly)à