Le nerprun est une espèce exotique envahissante originaire de l’Eurasie introduite dans la province lors du 18e siècle. Cet arbuste de la famille des Rhamnacées peut s’établir sur divers types de sol et l’ouverture du couvert forestier favorise son implantation.
Le nerprun a une période de floraison et de fructification étalée sur plusieurs mois. L’arbuste peut produire une grande quantité de fruits, allant de 430 à plus de 1800, contenant chacun plusieurs graines. Cette reproduction terriblement efficace, combinée au transport des fruits par les oiseaux, fait du nerprun une plante envahissante redoutable.
PROBLÉMATIQUE
Le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) et le nerprun bourdaine (Rhamnus frangula ou Frangula alnus) sont considérés comme faisant partie des plantes vasculaires les plus envahissantes du nord-est de l’Amérique du Nord. Ils s’établissent généralement dans des milieux naturels perturbés et, au fil du temps, ils forment des monocultures denses où la succession végétale naturelle est stoppée.
RÉPERCUSSIONS
Le nerprun bourdaine crée un couvert dense et peut occuper de 50% à 100% de l’espace, dominant ainsi le couvert végétal. Cela a un impact négatif sur le taux de survie des autres végétaux présents dû au manque de lumière pour leur croissance.
Plusieurs études ont été faites sur les impacts du nerprun cathartique. Cette espèce cause également une densification de la strate arbustive. Il peut ainsi y avoir 2 à 3 fois plus de tiges d’arbuste dans le milieu envahit. De plus, le sol va avoir tendance à devenir plus humide, plus basique et plus riche en azote. La litière de feuille engendrée par le nerprun nuira à la germination, à la croissance et à la floraison de certaines espèces du parterre forestier; leur laissant peu de chance de survie.
Le nerprun cathartique a aussi un effet négatif sur les amphibiens, les oiseaux et les insectes. Dans les milieux envahis, on observe une réduction de la présence de papillons et de coléoptères. De plus, l’arbuste produit une molécule toxique pour certains amphibiens (émodine) relâchée lors de la décomposition des feuilles, des fruits et de l’écorce. Comme il n’est pas assez grand pour assurer une protection adéquate contre la prédation, l’arbuste est nuisible à la nidification et à la reproduction de certains oiseaux.
Le nerprun est également une nuisance en agriculture, car il est l’hôte hivernal du puceron du soya.
IDENTIFICATION DU NERPRUN
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Nerprun bourdaine |
Nerprun cathartique |
Tronc |
Écorce brune avec tâches blanches bien visibles ; >5m et >7m ; Préfère les milieux humides et les sols acides |
Écorce brune grise et orange à l’intérieur ; >4m et >9m Épine à la pointe des bourgeons terminaux |
Feuille |
Verte lustrée (brillante) et poils au revers. Jaune clair et rouge à l’automne ; Obovée, avec une extrémité plus ou moins pointue, portée par des pétioles de 1 à 2cm en disposition alterne ; 6 à 10 nervures secondaires droites ou légèrement recourbées ; Marge du limbe entière et ondulée, dentelures seulement chez les plantules |
Verte et plus pâle au revers ; Ovée, portée par des pétioles de 1 à 3cm en disposition opposé ou alterne ; 3 à 5 nervures secondaires fortement recourbées et formant un arc de cercle vers la pointe ; Marge du limbe avec de petites dents arrondies |
Fleur |
Seule ou par groupes de 2 à 8 ; 5 pétales verdâtres ou blanchâtres ; Bisexuée |
Mâles par groupes de 2 à 40 ; Femelles par groupes de 2 à 30 ; Pied femelle distinct du pied mâle ; 4 pétales verdâtres ou jaunâtres |
Fruit |
Drupes en forme de globe de 0,5 à 1cm de diamètre ; 2 ou 3 graines par drupe ; Coloration verte, rouge puis noire à maturité |
Drupes en forme de globe de 0,5 à 1cm de diamètre ; 1 à 5 graines par drupe mais 4 graines le plus souvent Coloration verte à noire à maturité
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Le nerprun peut également être confondu avec :
- Plusieurs espèces de cerisier, comme le cerisier de Virginie
- Aulne rugueux
- Diverses espèces de cornouiller, comme le feuille alterne ou le sanguin
PRÉVENTION
Plusieurs gestes simples aident à prévenir la propagation de cet envahisseur. En voici quelques-uns :
- Identifier les plants aux différents stades
- Agir rapidement pour éviter sa propagation et prévenir votre municipalité
- Bien nettoyer les instruments de travail et la machinerie AVANT et APRÈS tout intervention pour qu’il ne reste AUCUN résidu
- Disposer des résidus dans un site d’enfouissement spécialisé
- Ne pas composter les résidus
- Éviter de laisser un sol à nu
CONTRÔLE
Méthode suggérée :
- Procéder à l’arrachage manuel des jeunes plants lorsque le tronc a un diamètre de moins de 1 cm. Utiliser une pince à levier pour les souches plus persistantes (entre 1 et 5 cm)
- L’annelage est la technique recommandée lorsque le tronc atteint un diamètre de plus de 5 cm. Il faut retirer l’écorce sur 5 à 10cm sur toute la circonférence de l’arbuste, et ce dans les 50 premiers centimètres de celui-ci.
- Bâchage de la région infestée de semis peu développés ou de graines afin de priver la plante de toute source de lumière et empêcher l’émergence de jeune pousse
- Encapsulation d’un plant fraichement coupé; encore une fois pour priver l’apport en lumière et limiter les rejets de souche. Il faut que le sac soit présent un minimum de deux ans.
Méthodes alternatives
Il existe d’autres méthodes pour contrôler le nerprun :
- L’excavation consiste à enlever l’intégralité du système racinaire. Étant donné la profondeur de ce dernier, l’excavation doit être effectuée avec une pelle mécanique.
- L’utilisation des herbicides est déconseillée pour éviter la contamination des cours d’eau adjacents et afin de ne pas éradiquer la diversité d’un milieu.
- La coupe ou le fauchage n’est pas efficace contre le nerprun et n’est pas conseillé.
Réglementation
Toute intervention à des fins privées contre le nerprun en rive, en milieu humide ou en plaine inondable doit être autorisée par votre municipalité.
L’utilisation d’herbicide n’est pas légale à moins de 30 m de la ligne des hautes eaux.
L’utilisation de phytocide est interdite dans les forêts publiques du Québec et dois être effectuée par une personne certifiée. Le produit est classé comme un pesticide. De plus, il faut avoir l’autorisation de la municipalité pour ce genre d’intervention.
PARTENAIRES
Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier du Programme pour la lutte contre les plantes exotiques envahissantes de la Fondation de la faune du Québec en partenariat avec le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC)
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