Problématique
L’Île-Lebel, située à Repentigny, est un écosystème prioritaire du sud de Lanaudière qui abrite des milieux humides d’importance. Il s’agit d’un des rares milieux humides naturels en rive dans ce secteur. Il accueille des espèces à statut précaire comme le chevalier cuivré et le mené d’herbe. On y retrouve une importante frayère de grand brochet, de perchaude et une aire d’alevinage de 14 espèces. Une forte concentration d’oiseaux aquatiques, dont la marouette de Caroline est également présente.
Ce parc nature urbain, d’une superficie de 15,7 hectares, est fréquenté par plus de 200 000 visiteurs annuels, il s’agit donc d’un lieu qui offre une belle fenêtre d’échange avec ses usagers.
La présence d’une grande colonie de phragmite exotique entraîne plusieurs problématiques. L’étalement rapide de l’espèce détériore les milieux aquatiques et empêche l’établissement d’autres espèces végétales.
Ce projet fait suite au projet de suivi et diffusion des activités de contrôle de phragmite. Il vise à conserver l’intégrité écologique et la valeur esthétique des paysages de l’île.
Colonie de phragmites du marais de l’Île-Lebel avant les coupes en 2021
Figure 1 – Superficies couvertes par le projet
Description du projet
Ce projet de grande ampleur est réalisé en plusieurs étapes, d’abord sur une petite portion de la talle de phragmite puis sur une superficie plus importante. Le protocole de contrôle du phragmite consiste à effectuer des fauches répétées des tiges aériennes sur plusieurs années, afin de réduire la croissance des colonies.
Le projet pilote (2021-2024)
Pour s’assurer de la faisabilité du projet, des travaux de coupes de phragmites ont été réalisées sur une petite portion de la talle de phragmite. L’objectif était d’évaluer la logistique et les coûts de fauche de la grande talle au complet pour les années suivantes du projet.
Durant la saison estivale 2021, trois fauches des tiges aériennes ont été effectuées sur 1,22 hectares des 3,32 ha de la grande talle (Figure 1, zone en rose). Cette portion, localisée en amont de la grande talle, correspond à la zone de début d’infestation. Cette zone a été identifiée lors des délimitations réalisées par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en 2013.
Les coupes répétées de phragmite sur cette portion se poursuivent jusqu’en 2024.
Contrôle de la grande talle de phragmite (2022-2025)
A l’été 2022, les travaux de contrôle ont démarré sur les 2,34 hectares restants de la grande talle (Figure 1, zone en vert). Seulement deux fauches ont été nécessaires puisqu’il n’y a pas eu de nouvelles repousses de phragmites observées.
Gestion des résidus de coupe
Une gestion efficace des résidus de fauche est nécessaire afin d’éviter la reprise et la dispersion du phragmite sur de nouveaux sites. Le phragmite peut se reproduire par les plumeaux contenant les graines ainsi que par production de rhizomes.
Les tiges de chaque première coupe annuelle doit être ramassées et transportées par conteneurs au site d’enfouissement. Afin d’optimiser l’espace les tiges sont ficelées en bottes. Pour les coupes suivantes, les tiges peuvent être laissées à sécher pour former un paillage épais qui empêche les reprises de phragmite.
Dans les zones inondées sur de longues périodes, la coupe des tiges sous l’eau est efficace puisqu’elles n’ont pas accès à l’oxygène ce qui ralentit voire empêche leur croissance.
Mise à jour des résultats – 2024
Depuis le début du projet en 2020, des progrès significatifs ont été réalisés dans le contrôle du roseau commun au marais de l’île Lebel.
Résultats des fauches répétées (2021-2023)
Après trois années de fauches répétées, nous sommes ravis de constater une réduction importante de la superficie colonisée par le phragmite, qui est passée de 3,5 hectares à 1,3 hectare, soit une diminution de 63 % (carte 1).
Bien que le nombre de conteneurs utilisés ait diminué grâce à une meilleure technique d’empaquetage, il est essentiel de se concentrer sur le poids total de biomasse récoltée. Les résultats montrent une réduction progressive au fil des années, reflet de l’efficacité des interventions. :
Année | Nombre de conteneurs | Poids total récolté (kg) |
---|---|---|
2021 | 26 | 16 490 |
2022 | 19 | 19 052 |
2023 | 2 | 4 470 |
Note importante : Seule la première fauche annuelle est récoltée, car elle représente la plus grande part de la biomasse. Les deux autres fauches visent à épuiser les ressources du phragmite sur place, sans nécessiter de ramassage. Cette méthode optimise nos efforts tout en réduisant les coûts et les impacts environnementaux.
Prochaine étape : Plantation (2025)
En 2025, le projet entrera dans une nouvelle phase avec la mise en œuvre d’une stratégie de plantation dense. Sur une superficie de 1 130 m², 1 924 arbustes indigènes seront plantés pour empêcher les repousses du phragmite et restaurer un écosystème équilibré. Cette méthode vise également à préserver des fenêtres visuelles sur le fleuve pour les visiteurs.
Pour plus d’informations sur cette étape et pour suivre l’évolution du projet, consulter notre page dédiée.
Carte 1
Les collaborateurs au projet
- RécréoNature Repentigny
- Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec
- Ville de Repentigny
- MRC de l’Assomption
- Université du Québec à Montréal
Les partenaires financiers
Projet pilote (2021-2024)
- Fondation de la faune du Québec et le Ministère l’environnement et de la lutte aux changements climatiques du Québec, par le biais du Programme pour la lutte contre les plantes envahissantes
- Ville de Repentigny par l’entremise de RécréoNature Repentigny
- MRC de L’Assomption
Projet de contrôle du phragmite (2022-2025)
- Programme Interactions Communautaires (PIC), lié au Plan d’action Saint-Laurent 2021-2026
- Le Fonds d’action Saint-Laurent, via son programme maritime pour la biodiversité du Saint-Laurent et en collaboration avec Avantage Saint-Laurent, la nouvelle vision maritime du Gouvernement du Québec
- Ville de Repentigny par l’entremise de RécréoNature Repentigny
- MRC de L’Assomption
Pour en apprendre plus…
Le Phragmite commun (Phragmites austrialis)
-
Graminée de grande taille, elle peut atteindre 5 mètres
-
Tige unique dressée qui est produite à chaque printemps et qui reste érigée en hiver
-
Feuilles vertes, longues et planes se terminant en pointe effilée
-
Fleur sous forme du plumeau. D’abord de couleur pourpre, elle devient brun foncé à maturité. La floraison a lieu à la fin de l’été
-
Forme des colonies monospécifique très dense
-
Originaire de l’Eurasie
-
Milieux humides (marais)
-
Bords de route (canaux de drainage)
-
Végétative – expansion des rhizomes dans le sol
-
Sexuée – Dispersion des graines contenues dans le plumeau (3 à 7% des graines sont viables)
-
Diminution de la biodiversité
-
Envahissement des milieux
-
Accentuation de l’érosion
-
Modification de la composition de l’habitat
Comment réduire sa propagation :
-
Ne pas planter de roseau commun
-
Ne pas laisser de sol à nu
-
Ne pas utiliser de terre provenant d’habitats avec présence de phragmites
-
Créer de l’ombrage : planter des arbres et des arbustes pour empêcher la germination des graines
Comment l’éradiquer :
Aucune méthode n’a encore été trouvé pour éradiquer de manière permanente le phragmite. Plusieurs recherches et test sont en cours.
-
Groupe Phragmites
-
Connaissez-vous cette plante exotique envahissante ? Le roseau Commun – Nature Action Québec, 2006
-
Roseau commun ou Phragmites – Ville de Sherbrooke